il y a longtemps que je n'écris plus ici.
parfois, je lui écris, sur les pages d'un carnet rouge.
ce ne sont jamais des paroles pensées qui font mal.
je crois qu'il me fait réellement tant de bien, malgré la distance et l'incertitude, malgré une situation plus que compliquée, que je suis certaine de mes sentiments à son égard. Car maintenant quelque-chose est devenu clair. Nous partageons un attachement l'un à l'autre que, l'un comme l'autre, nous n'avons pas connu depuis longtemps. Quelque-chose qu'il faut préserver, même si cela doit passer par le silence et une sorte d'éloignement.
il est drôle de voir à quel point il nous faut chacun résister au désir lorsque nous nous retrouvons. Pour les circonstances, pour la bienséance, pour les conventions.
et comme nous n'y arrivons pas.
comme c'est si attirant de se retrouver parce-que, aussi idiot que cela puisse paraitre, c'est bon, quand on est tous les deux.
comme c'est encore mieux lorsque c'est pour se retrouver, retrouver les odeurs, la peau, les répliques arrogantes et celles qui trahissent tendrement.
cela fait deux ans que je rêve de quitter le cocon familial. Le cocon en putréfaction, cocon qui déborde de milligrammes d'anti-dépresseurs et d'obscurité dans laquelle le père se plonge pour renier la vie.
dans une semaine, j'emménage en centre ville, dans un studio de 30m2, que je rêve de repeindre en noir et blanc.
je désire que ce soit mon premier chez-moi, le lieu qui m'appartient et auquel je donnerais l'atmosphère que je désirerais. sortir la tête de l'eau, accueillir la lumière, les autres, la joie, acheter un ampli, un nouvel appareil photo, y vivre, y v-i-v-r-e.
premiers achats, plaid façon peau de zèbre, tabourets noirs, dartybox, bouilloire, frigo, stratifié, rideaux noirs, peinture évidemment.
dans deux semaines je suis installée pour de bon. Seule. Enfin.
moi, des livres, du café, la ville à mes pieds, et une baignoire en prime.
la seule image de stabilité qui me soit accessible aujourd'hui.
je ne rentre plus dans mes pantalons, je me sens mal, mais il trouve ça désirable, et ça change tout.
mais puis-je me permettre de me regarder à travers le prisme de tes yeux rongés de culpabilité, tes yeux incertains, te yeux affaiblis?
eh bien je le fais quand même, et tu te tais maintenant.